Intérieurs tarnais
Photographies
France / 2019-en cours

Au départ, c’est un simple exercice à destination de quelques agences immobilières : une application basique de la photographie d’architecture – des images neutres, prétendument objectives d’un bien à vendre, montrant les volumes et les extérieurs de façon avenante. Puis, progressivement, un jeu d’observation attentif à ce que révèlent ces habitations, souvent encore meublées, partiellement ou complètement ; même vides, il suinte encore de leurs murs quelques vestiges d’humanité. D’une prestation photographique banale, chaque reportage est devenu une quête teintée de curiosité et d’excitation, la plupart du temps stoppée nette par une banalité éloquente d’un point de vue sociologique, mais dépourvue de véritable accroche esthétique – la captation de celle-ci étant également limitée par le temps imparti.

C’est une plongée au cœur de l’intimité : les odeurs, l’hygiène, les souvenirs, les habitudes, les tragédies aussi… Décès soudains, séparations et divorces, changements de vies, ou départ pour l’EHPAD. Quoi qu’il en soit, la fin de quelque chose, figée à travers cet état des lieux fugace. Ces intérieurs, pour la plupart situés dans l’agglomération albigeoise, sont un recueil décoratif, un outil de lecture du classement social, un répertoire de traces de tous ordres destinées à disparaître. Dénuement, détresse psychologique, surconsommation, tendances, démesure, kitsch. Un catalogue unique de nos modes de représentation et de nos modes de vie, des manières d’envisager son chez-soi, d’Action à Roche-Bobois.